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Alias : Shamrock
Âge : 37 ans
Emploi | Grade : Chef d'équipe à la CCP rattaché à Southbank et Fixer
Classe sociale : MOYENNE
Habitation : Un appartement (T3) au-dessus du bar « La Taule » tenu par Luke à Southbank
Messages : 213
Date d'inscription : 05/05/2024
Niveau : III
XP : 88
# System Log Last Entry :
[citation]Ambiance musicale[/citation]
13 août 2177.
La date s’afficha derrière les paupières encore closes de Caolan, qui ne daignait pas décoller du lit. La date de ma mort. Il s’était encore saoulé jusqu’au matin ce con, inconscient que j’étais toujours là. Il me prenait pour un spectre, une réminiscence… ou d’autres conneries absurdes qu’on lui avait fait croire pour m’enterrer définitivement.
Mais non. J’étais là. Déjà quatre ans que j’étais devenu prisonnier de son propre corps, ma conscience en sommeil la plupart du temps. J’avais été bien mal remercié pour l’avoir aidé à dézinguer ce sniper. Ma femme était morte, emportée par la maladie. Elle l’avait même embrassé, m’arrachant une pointe de jalousie. Je voyais mon fils chaque jour par ses yeux, qui partait à la dérive sans son père. Et Luke… mon vieil ami était encore plus mort que moi. Toutes mes tentatives pour rentrer en contact avec lui s’étaient soldées par un échec. Il ne m’entendait pas, croyant dur comme fer que je n’étais plus là.
L’enfer sur terre.
Je me figeai, face au miroir fracturé dans la salle de bain, qui me renvoya mon regard profondément perplexe. J’en lâchai même ma clope, me rapprochant de celui-ci sans bien comprendre. Il y avait la trace d’un impact suffisamment fort pour le fracturer en entier.
- Asher ?
Le gamin me répondit mollement depuis sa chambre, comme à son habitude.
- Quoi ?
- C’est toi qui as cassé le miroir ?
- Tu rigoles là ? C’est ta faute s’il est cassé je te signale ! Tu vas pas m’accuser en plus ?!
Mon regard descendit sur mon poing gauche, dont les entailles profondes étaient encore présentes sur les phalanges. C’était du délire… à quel moment exactement j’avais cogné dans ce miroir et pourquoi ? « Putain, je bois trop. » Sept ans de malheur ! Et en me détournant du miroir, je n’aperçus pas le sourire que celui-ci m’adressait.
J’y étais presque. J’avais réussi à prendre le contrôle, plusieurs fractions de secondes par jour. Je n’avais plus besoin de tenter de contacter Luke ou d’influencer Caolan. J’arrivais enfin à influencer cette réalité par petites touches. Et, contre toute attente cette nuit-là, les paupières de Caolan s’ouvrirent sur les ténèbres environnantes à la seule force de ma propre frustration.
J’étais enfin libre.
J’avais l’impression d’avoir pris la pire cuite du siècle en me réveillant à midi. Je me frottai les yeux de ma main bandée, avant de me figer dans mon geste en constatant que tout l’appartement avait été retourné. « Merde. » Par réflexe, j’attrapai mon arme de service planquée sous mon oreiller. « Asher ? » Mais celui-ci ne semblait pas être revenu et était probablement en cours. Alors… qui ? Quelqu’un était probablement rentré par effraction pendant mon sommeil.
L’arme pointée en avant, j’inspectais pièce par pièce avant de me rendre à l’évidence… Personne. Ou alors, il était reparti. Mais le plus étonnant là-dedans, c’était que notre inconnu n’avait strictement rien volé. C’était juste comme si quelqu’un avait été pris d’une frénésie incontrôlable. Je poussai un soupir las. « Putain mais il se passe quoi ici… » Puis, en revenant vers le salon, mon regard fut attiré par une revue posée en évidence sur la table basse, ouverte à une page bien précise.
« Project Avatar » …
« Byrne, vous êtes en état d’arrestation. » Je relevai la tête, choqué. La CID avait fait irruption en pleine réunion, avec une demi-douzaine d’agents, pour me lâcher sa bombe devant tous mes collègues réunis. « Attendez… Quoi ? » Deux d’entre eux se placèrent derrière moi, de manière ostensible, prêts à intervenir. Je fixai leur chef avec un regard plein de rage. « Je peux avoir un semblant d’explication au moins ? » Nous étions collègues, non ? C’était le minimum qu’ils me devaient.
La vive surprise qui se lisait dans mon regard le fit hésiter un peu. « Vous comptez vraiment faire semblant devant vos collègues, Byrne ? » Un soupir franchit la barrière de ses lèvres. Il semblait comme… déçu, alors qu’il prit le contrôle de l’écran dans la salle de réunion pour projeter des clichés pris depuis plusieurs caméras à la sortie d’Eurotech.
Tout le sang déserta subitement mon visage. Je ne me souvenais même pas avoir mis les pieds une fois dans ma vie dans cette tour… et à l’écouter, j’avais commis un braquage ? « Non, attendez… c’est impossible. C’est pas moi ! » Mais j’eus beau nier avec force, les agents du CID me menottèrent comme le dernier des criminels. Mes collègues étaient autant sous le choc que moi, en les voyant m’embarquer.
Le chef, lui, paraissait blasé. « Ils prônent toujours tous leur innocence… il risque de prendre à perpétuité pour un vol pareil. Je ne donne pas cher de sa peau, personne n’aime un flic derrière les barreaux. »
« Hey Cao ! Je suis revenu ! » La porte était grande ouverte à mon retour, comme si mon vieux pote m’attendait de pied ferme depuis un moment. Je n’arrivais pas à me départir de mon sourire, même si voir mon reflet déformé dans le miroir brisé de la salle de bain avait quelque chose d’étrange. Je lui ressemblais vraiment trait pour trait, grâce au projet Avatar. « Mec… on va être jumeau maintenant. T’imagines un peu ? » J’ouvris sa chambre, mais Caolan restait introuvable.
Ce fut une autre voix qui me répondit à sa place à l’autre bout du couloir. « Caolan… ? » Asher venait de sortir de sa chambre. Il me détaillait comme s’il venait de voir un fantôme. « Je croyais que tu… enfin je devais… » Je ne résistais pas à l’envie de prendre à nouveau mon fils dans mes bras. « Je suis tellement heureux de te revoir, mon fils. » Je le relâchai pour mieux le regarder, mais Asher me repoussa avec force. « Mais t’es taré ou quoi ?! Arrête de te comporter comme lui ! T’es pas mon père, putain ! » Le regard de peur mêlé de rage qu’il me renvoya me figea de stupeur. Asher en profita pour détaler, me laissant subitement seul.
Vivant, mais définitivement seul.
- Il est évident que c’est le synchronisateur qui vous a fait vriller. Le plus simple reste encore que nous vous… reconfigurions.
- Comment ça, me reconfigurer ?
- Ne vous en faites pas. Nous avons des DS très performantes pour aider les détenus à retrouver une vie normale, vous serez sortis en un rien de temps.
Le sourire suffisant du docteur, tandis qu’il m’accompagnait, ne me disait rien qui vaille. J’avais déjà traversé ce couloir de la mort en tant que flic, et je savais très bien ce qu’ils y faisaient… Les hurlements des détenus m’avaient hanté à plusieurs reprises, alors qu’ils suppliaient que tout s’arrête, branchés en permanence à des DS pour les… reconfigurer.
Bientôt, ils me feraient oublier jusqu’à mon propre nom.
Et tout ça pour un crime que je n’avais même pas commis.
13 août 2177.
La date s’afficha derrière les paupières encore closes de Caolan, qui ne daignait pas décoller du lit. La date de ma mort. Il s’était encore saoulé jusqu’au matin ce con, inconscient que j’étais toujours là. Il me prenait pour un spectre, une réminiscence… ou d’autres conneries absurdes qu’on lui avait fait croire pour m’enterrer définitivement.
Mais non. J’étais là. Déjà quatre ans que j’étais devenu prisonnier de son propre corps, ma conscience en sommeil la plupart du temps. J’avais été bien mal remercié pour l’avoir aidé à dézinguer ce sniper. Ma femme était morte, emportée par la maladie. Elle l’avait même embrassé, m’arrachant une pointe de jalousie. Je voyais mon fils chaque jour par ses yeux, qui partait à la dérive sans son père. Et Luke… mon vieil ami était encore plus mort que moi. Toutes mes tentatives pour rentrer en contact avec lui s’étaient soldées par un échec. Il ne m’entendait pas, croyant dur comme fer que je n’étais plus là.
L’enfer sur terre.
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Je me figeai, face au miroir fracturé dans la salle de bain, qui me renvoya mon regard profondément perplexe. J’en lâchai même ma clope, me rapprochant de celui-ci sans bien comprendre. Il y avait la trace d’un impact suffisamment fort pour le fracturer en entier.
- Asher ?
Le gamin me répondit mollement depuis sa chambre, comme à son habitude.
- Quoi ?
- C’est toi qui as cassé le miroir ?
- Tu rigoles là ? C’est ta faute s’il est cassé je te signale ! Tu vas pas m’accuser en plus ?!
Mon regard descendit sur mon poing gauche, dont les entailles profondes étaient encore présentes sur les phalanges. C’était du délire… à quel moment exactement j’avais cogné dans ce miroir et pourquoi ? « Putain, je bois trop. » Sept ans de malheur ! Et en me détournant du miroir, je n’aperçus pas le sourire que celui-ci m’adressait.
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J’y étais presque. J’avais réussi à prendre le contrôle, plusieurs fractions de secondes par jour. Je n’avais plus besoin de tenter de contacter Luke ou d’influencer Caolan. J’arrivais enfin à influencer cette réalité par petites touches. Et, contre toute attente cette nuit-là, les paupières de Caolan s’ouvrirent sur les ténèbres environnantes à la seule force de ma propre frustration.
J’étais enfin libre.
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J’avais l’impression d’avoir pris la pire cuite du siècle en me réveillant à midi. Je me frottai les yeux de ma main bandée, avant de me figer dans mon geste en constatant que tout l’appartement avait été retourné. « Merde. » Par réflexe, j’attrapai mon arme de service planquée sous mon oreiller. « Asher ? » Mais celui-ci ne semblait pas être revenu et était probablement en cours. Alors… qui ? Quelqu’un était probablement rentré par effraction pendant mon sommeil.
L’arme pointée en avant, j’inspectais pièce par pièce avant de me rendre à l’évidence… Personne. Ou alors, il était reparti. Mais le plus étonnant là-dedans, c’était que notre inconnu n’avait strictement rien volé. C’était juste comme si quelqu’un avait été pris d’une frénésie incontrôlable. Je poussai un soupir las. « Putain mais il se passe quoi ici… » Puis, en revenant vers le salon, mon regard fut attiré par une revue posée en évidence sur la table basse, ouverte à une page bien précise.
« Project Avatar » …
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« Byrne, vous êtes en état d’arrestation. » Je relevai la tête, choqué. La CID avait fait irruption en pleine réunion, avec une demi-douzaine d’agents, pour me lâcher sa bombe devant tous mes collègues réunis. « Attendez… Quoi ? » Deux d’entre eux se placèrent derrière moi, de manière ostensible, prêts à intervenir. Je fixai leur chef avec un regard plein de rage. « Je peux avoir un semblant d’explication au moins ? » Nous étions collègues, non ? C’était le minimum qu’ils me devaient.
La vive surprise qui se lisait dans mon regard le fit hésiter un peu. « Vous comptez vraiment faire semblant devant vos collègues, Byrne ? » Un soupir franchit la barrière de ses lèvres. Il semblait comme… déçu, alors qu’il prit le contrôle de l’écran dans la salle de réunion pour projeter des clichés pris depuis plusieurs caméras à la sortie d’Eurotech.
Tout le sang déserta subitement mon visage. Je ne me souvenais même pas avoir mis les pieds une fois dans ma vie dans cette tour… et à l’écouter, j’avais commis un braquage ? « Non, attendez… c’est impossible. C’est pas moi ! » Mais j’eus beau nier avec force, les agents du CID me menottèrent comme le dernier des criminels. Mes collègues étaient autant sous le choc que moi, en les voyant m’embarquer.
Le chef, lui, paraissait blasé. « Ils prônent toujours tous leur innocence… il risque de prendre à perpétuité pour un vol pareil. Je ne donne pas cher de sa peau, personne n’aime un flic derrière les barreaux. »
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« Hey Cao ! Je suis revenu ! » La porte était grande ouverte à mon retour, comme si mon vieux pote m’attendait de pied ferme depuis un moment. Je n’arrivais pas à me départir de mon sourire, même si voir mon reflet déformé dans le miroir brisé de la salle de bain avait quelque chose d’étrange. Je lui ressemblais vraiment trait pour trait, grâce au projet Avatar. « Mec… on va être jumeau maintenant. T’imagines un peu ? » J’ouvris sa chambre, mais Caolan restait introuvable.
Ce fut une autre voix qui me répondit à sa place à l’autre bout du couloir. « Caolan… ? » Asher venait de sortir de sa chambre. Il me détaillait comme s’il venait de voir un fantôme. « Je croyais que tu… enfin je devais… » Je ne résistais pas à l’envie de prendre à nouveau mon fils dans mes bras. « Je suis tellement heureux de te revoir, mon fils. » Je le relâchai pour mieux le regarder, mais Asher me repoussa avec force. « Mais t’es taré ou quoi ?! Arrête de te comporter comme lui ! T’es pas mon père, putain ! » Le regard de peur mêlé de rage qu’il me renvoya me figea de stupeur. Asher en profita pour détaler, me laissant subitement seul.
Vivant, mais définitivement seul.
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- Il est évident que c’est le synchronisateur qui vous a fait vriller. Le plus simple reste encore que nous vous… reconfigurions.
- Comment ça, me reconfigurer ?
- Ne vous en faites pas. Nous avons des DS très performantes pour aider les détenus à retrouver une vie normale, vous serez sortis en un rien de temps.
Le sourire suffisant du docteur, tandis qu’il m’accompagnait, ne me disait rien qui vaille. J’avais déjà traversé ce couloir de la mort en tant que flic, et je savais très bien ce qu’ils y faisaient… Les hurlements des détenus m’avaient hanté à plusieurs reprises, alors qu’ils suppliaient que tout s’arrête, branchés en permanence à des DS pour les… reconfigurer.
Bientôt, ils me feraient oublier jusqu’à mon propre nom.
Et tout ça pour un crime que je n’avais même pas commis.